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C'est écrit sur les murs : "Liberté j'écris ton nom." Paul Eluard.

Lettres, l'Etre, l'Hêtre

Quand ridé par le temps et ses trois cents saisons je bâtirais sénile des souvenirs menteurs, quand, habité d'ombres blanches aux matins des levants je broderai de laine un château de dix sous au cloître d'un donjon assombrissant la plaine, quand, pour la postérité à ma vie, humblement, je dirai des forêts de Hêtres enlacés dans la cité des songes où j'allais maraudeur aux herbes de mon enfance ; à ce moment précis, à cet instant, mutant, je prendrai sagement le sentier du devoir, des chemins sans détours, sans songer au retour.

Ma main crispée et sereine pourtant, accrochera le mât d'une canne boiteuse, mon pas chevauchera les frontières du doute pour accomplir l'ultime déchirure des Nations, pour notre Liberté et pour l'Egalité. Je soufflerai les mots des dictionnaires âpres pour ouvrir en baisers l'universalité lavée de toutes empreintes sales, moisies et revanchardes. Je gommerai le sens profond des étymologies perverses qui consacrent l'argent au détriment de l'Etre pour qu'enfin s'épanouissent des bosquets d'aubes sages, pour le feu ressourcé au foyer des pardons et le droit d'exister sans haine et sans affronts.

Au zénith des vents je soufflerai, lentement, sur la poussière des guerres qui flamberge l'enfant, tuent l'oiseau et condamnent tout ce qui se fait beau.

Fourbu, usé, heureux pourtant, au sommet de mon âge, sur le balancier froid de ma maturité, je prendrai la mesure de ce mont Sinaï et j'équilibrerai le savoir des anges à notre intelligence relative, poussive. Délié, enfin, des contraintes souffreteuses, des lapsus confus et des alinéas j'écrirai ma Lettre, la dernière, pour que s'ouvre ravie la fleur d'éternité au bout de nos consciences...

Je ferai tout cela, quand, ridé par le temps et ses trois cents saisons, sénile et maraudeur j'aurai su par plaisir recoudre un souvenir, même s'il fut menteur.

Philippe Le Pavec.

extrait "Ephéméride"

Mes p'tits cœurs, Arthur et Louise.