Les chants d'Aurore
Amour, Anarchie !
Supplique à Léo
Un peu de Ton Voyage est le mien !
A Marie,
Si les Parques ont cousu sur un bleu canevas
La dernière virgule au point qu'on dit de croix
Des étoiles fidèles enlacées au trépas
Referont pour demain des gerbes de ta voix
Et coucheront au lit de tes vertes prairies
La lumière de tes mots pour une poésie.
A l'ombre des tilleuls, dans une allée sans fin,
Rimbaud inventera l'étoffe des parfums
Qui enivrent ton cœur meurtri par trop d'absurde ;
Plus loin que l'infini dans l'éternité sourde
D'où s'évade la peur, le silence et la mort :
Ces ombres vagabondes, habillées de remords.
Tu mettras aux conscrits des aubes vermifuges
Et leur pensée maraude aux frontières du transfuge
S'évaporeront, blêmes, au détour d'un refrain
Orchestré dans l'essence de tes amis les chiens...
Ceux, qui boitent et s'en vont vers la mer à Lorient,
Poussés par des chevaux aux crinières du vent.
Des nuages gonflés de miel et de soleil
Empaleront le temps qui vibre à ton sommeil
Et s'il faut réveiller Rotterdam la Putain,
Il y aura toujours dans son port des marins,
Leurs chalands chaloupés à la quille émeraude
Ont, pour ton bien, sauveurs, la vague baguenaude,
Su te guider chez Toi, ce beau coin d'Italie.
La Toscane, ta sœur, te fera, ébaubie,
Une idée est passée... alors je l'ai volée !
Des yeux de biche enfant, racoleurs et suspects,
Comm' une fille de quinze ans, femme de ton respect,
Aux seins révélateurs, sous un chemisier fleur,
Qui n'en finissent pas de fair' battre les cœurs.
Les hiboux de la neuille rencontreront Verlaine
A Saint-Germain-Des-Prés quand finit la semaine.
O ! poète maudit, Baudelaire te l'a dit :
"D'un flacon désolé sortira décrépit"
L'âme de ton talent qui mettra l'univers
Et ses gens à rosette au fond de tes hivers.
Demain, dans dix mille ans ! qu'importe en fait le jour,
C'est par Toi que naîtra dans nos rues de toujours
Le verbe libéré de sa laisse prison
D'où jaillit l'aube claire au son des oraisons ;
Des cantiques nouveaux. Un psaume cent cinquante deux
Vibrera en des cœurs rouges comme le feu.
Dans la nef aux relents plus fous que ta Frégate,
Résonnera parfois la fracture pirate
Qui dit : "Achète-moi...l'amour n'a pas de prix!"
Tu diras à Paname, où tous les chats sont gris,
Que les fleurs du mal sont des pavés Latin
Quand son quartier s'embrase dans les petits matins.
Plus haut que tes colères, plus fragile que l'oiseau,
Dans l'enfer de nos Vies tu couvriras les maux
De cette galaxie sous des drapeaux velours
Au firmament du bien, au rayon des contours
d'une étagère aveugle emplie de ce bonheur
Que l'on consommera sur les pages d'une heure :
Celle qui fait l'instant dans son immensité,
Celle qui te ressemble au bout de ta bonté.
Tu souffleras les rides qui masquent notre image,
Ces squelettes brisés qu'enveloppent nos âges.
Ton maquillage abstrait au Rimmel de la peau
Tu le démasqueras comme on quitte un chapeau
Pour se couvrir, frondeur, d'une simple casquette :
Celle de Caussimon, Ton frangin en goguette...
Et si, trop bien là -haut dans ton lit de sapin
Tu reniais tout retour au pont de mon chagrin !...
C'est moi alors, Léo, qui lèverai le pied
Dans un saut saltimbanque, haut et dernier,
Pour franchir le ruisseau où s'arrête la Vie :
Notre escale passagère aux amarres de l'ennui !
Du fond de mon silence, envahi de Bonheur,
Je boirai l'élixir des fantômes rôdeurs.
Sans un mot, sans un bruit, je te tendrai la main
Pour passer la muraille de mon dernier matin,
A la rosée des songes et de l'Humanité,
Pour t'entendre me dire : " Poète... vos papiers !"
Philippe Le Pavec.
Léo dans toute son excellence... pour sa reconnaissance !
Salut l'artiste !
1èr octobre 1981. Léo entoure mes
parents.
Je t'oblitererai, Léo, à l'encre des vagues d'Amour.
Avec ta ''gueule en parchemin''...
Clair-obscur sur les murs des Jardins de la Fontaine à Nîmes.
Ne le répète pas...
il n'est pas mort Léo
A LEO FERRE
I...I Il est sympa Léo, extra !
1981. Jardins de la Fontaine à Nîmes, les 8 et 9 juillet de 1981. Oratorio de "La chanson du mal aimé" hommage à Apollinaire. Ferré présentait le lendemain son propre récital. La vie connaît des détours bizarres parfois. J'ai pu le rencontrer et il a su m'entendre, m'écouter et me lire, va donc savoir pourquoi... I...I
(Extrait de l'hommage que je lui rendis, après son départ, dans le quotidien "La Marseillaise du Gard " du mercredi 4 août 1993. Avec son aimable autorisation. Tous droits réservés).
L'épouse de L'auteur, Léo les entourant
Ma frangine, le petit fils à Lochu...